Février 1

1er février 2023

Les panneaux des stations du parcours « urbain » dans les rues du village d’Orulo, au pied de hautes falaises, retracent l’histoire de l’embarquement des bananes par un téléphérique arrivant à la jetée, le bossoir, construite sur les rochers et celle de l’immigration vers le Venezuela des habitants de ce village fuyant dans de grandes barques les sècheresses régulières et n’en revenant pas, ou n’y arrivant pas… ou en revenant riche pour planter les bananiers.
Aujourd’hui la jetée de 1905 (el pescante) n’existe plus, seuls quelques gros piliers de béton subsistent dans les vagues éternelles, et on ne trouve plus trace du petit téléphérique dans la longue montée d’escaliers qui conduit à Orulo depuis Hermigua, longeant les longs tubes canalisant l’irrigation de parcelles en parcelles par de nombreuses vannes de bonne dimension. Un droit de l’eau qui semble vital pour cette culture et les habitants, un droit qui régit sûrement l’ensemble des relations sociales ancestrales et familiales.
Ce petit village en balcon sur l’océan a une apparence bien sympathique, ruelles blanches ou teintes pastel, rues pavées dormantes sous le soleil, petit collège, une vie de village semblant relativement aisé, culture des bananes et tourisme en activité principale. De temps à autre on peut y entendre les sifflements parlés de quelques habitants faisant survivre une tradition ancestrale qui, entre autre, a donné bien du mal aux milices de Franco.(El silbo, aujourd'hui en enseignement obligatoire à l'école élémentaire et secondaire)
Le sol des plantations en plein air (pas de serres ici car peut-être trop de vent ?) est enrichi et protégé de l'évaporation par les déchets des bananiers ayant accompli leur tache productive. Les régimes de bananes sont lourds, très lourds, enveloppés de sacs en plastique et soutenus par des perches métalliques ou en bois, les fleurs sont rouges sous ces énormes grappes et la récolte à la main, régime par régime, à remonter en bord de route, doit être harassante sur ces escaliers raides ou échelles verticales.
Une super balade très grimpante avec vue sur la mer, remplie de vannes et sans paquebot… (Oui, c’est une idée fixe !)

2 février

3 février

Vers La Palma, la grande sœur de La Gomera, relativement peu urbanisée du fait de sa géographie toute en falaises et pentes raides, de son peu de plages et du sable noir, pas vraiment engageant. Bon, mon idée fixe, dans le port un paquebot nous précède… Je vous épargne la photo.
Ici, les panneaux horaires d’ouverture des boutiques indiquent aussi : à l’arrivée des paquebots… Mais un lieu nature.

4 février

Ici, c'est le fantôme de Roberto de Triana perché sur son "nid de pie" en train de crier "tierra, tierra" lorsqu'il vit sa première île des Bahamas, qu'ils ont nommée Guanahani. Colon n'est pas passé par ici mais il a droit à une vraie "Santa Maria" en béton et un musée naval. La Palma est peut-être l'île des Canaries la plus chargée d'histoire de l'immigration avec Cuba ou les Brésil ou le Venezuela. On en retrouve les traces un peu partout. Sur les hauteurs de la ville de Santa Cruz (de La Palma) des maisons crinquées sur des falaises, au dessus d'anciennes grottes qui devaient être plus ou moins habitées par des peuples aujourd'hui disparus, colonisés depuis bien longtemps.
La vierge qui a droit à" La Bajada" tous les 5 ans et qui, le reste du temps trône derrière l'autel d'une église surchargée en dorures et représentations des histoires religieuses, est rigolote, entourée de petits chérubins nus.
Tiens il y a aussi une "bajada" régulière à El Hierro, cette île a inspiré une intéressante série sortie sur arte.tv ce début d'année, qui se déroule un moment durant la "bajada" locale. Ces fêtes régulières sont ici très populaires.

5 février

6 février

La route sinueuse au sud de Santa Cruz mène au volcan de San Antonio au pied de Fuencaliente, près de la côte d’abord puis s’élève dans la montagne à travers les forêts de pins des Canaries. Pour une journée toute en noir et gris.
La chaîne de volcans ici, une des plus jeunes de l’archipel ( 2 M d’années) est relativement facile à repérer et jalonnée de sentiers bien tracés. Il pleut, il fait froid, ce qui n’incite guère à gravir les pentes et nous nous contenterons du Centre d’interprétation destiné aux visiteurs et randonneurs, agréablement agencé et très audiovisuel pour tout savoir sur les volcans.

7 février

J’ai fait un rêve. L’office de tourisme de La Palma se réjouit de l’arrivée de nombreux paquebots pour le carnaval qui approche, mais ici, les commerçants et restaurateurs sont inquiets face aux rumeurs de manifestations contre les réformes des retraites en Europe. On dit que des salariés veulent bloquer les accès au port, que des capitaines veulent interdire aux passagers de descendre à terre, les bruits les plus fous courrent le long des quais. Pendant ce temps, à Bruxelles, le lobby des croisiéristes s’affaire pour démonter les projets des gouvernements et revenir à un âge de départ qui laisse une plus grande espérance de vie et donc un marché plus large et plus long pour les voyages en paquebots. Une alliance hors norme se dévoile entre les syndicats et le lobby des croisiéristes, financé par l’Association internationale des compagnies de croisières (CLIA) qui a lancé son programme " Cruise for all from 60 years " une nouvelle initiative de communication mondiale destinée à promouvoir les apports de cette filière et à impliquer les différents acteurs sur l’ensemble du secteur. Déjà le puissant syndicat des restaurateurs portuaires et balnéaires a accroché ses wagons aux croisiéristes.